Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/192

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ne doutent point qu’il y ait de véritables artistes. Ils disent que leur or est beaucoup plus parfait que celui que l’on tire des mines, & prétendent le connoître aisément.

« L’opération de la pierre philosophale, continua le chymiste, est très-possible, j’espère avec le tems, d’en faire l’heureuse expérience. Il est vrai, que pour y parvenir, il faut essuyer bien des peines & des travaux. On doit d’abord connoître la nature, avoir une patience à l’épreuve de tous les contre-tems, une santé forte & vigoureuse ; & si quelques-unes de ces qualités manquent à celui qui cherche d’opérer l’œuvre, c’est vainement qu’il se tourmente ; il ne pourra jamais réussir. Oserois-je, dis-je au chymiste, vous demander, si en suivant les principes qu’on voit dans les livres qui traitent de cette science, on peut s’y perfectionner ? Il est peu de bons livres, me répondit-il, parmi le grand nombre de ceux qu’on vante beaucoup, & qui ne sont faits que par des fourbes & des imposteurs, qui déshonorent cet art précieux. Le roi Gebert est de tous nos auteurs le plus sçavant & le plus clair. Il faut cependant être bon philosophe, & connoître