Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/194

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étoit pénible, & que sa fin menoit à la besace. »

Le chymiste tâcha de me faire changer d’opinion ; il m’assura que ceux qui cherchoient avec attention, & sans se rebuter le secret, étoient à la fin très-récompensés de leurs peines & de leurs soins. Il m’avoua pourtant qu’il avoit déja consumé les trois quarts de son bien. Mais il comptoit d’avoir opéré l’œuvre avant qu’il eût consumé le reste. Il n’attendoit que le retour de sa santé pour rallumer ses fourneaux, & mener sa composition au dernier degré de perfection. Je le vis si entêté, & si prévenu en faveur de son art que je ne crus pas devoir entreprendre de le rendre plus raisonnable. J’ai eu plusieurs conversations encore avec lui avant que d’arriver dans cette ville, dans lesquelles il m’a toujours exalté l’excellence de la pierre philosophale. Depuis que je suis arrivé à Montpellier, je ne l’ai plus revu. Peut-être est-il déja entre les mains des Esculapes de ce pays, dont je te parlerai dans ma premiere lettre.

Porte-toi bien, mon cher Monceca, vis content & heureux.

De Montpellier, ce…