Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/196

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les découvertes les plus utiles, & les ouvrages les plus parfaits.

Ce qu’il y a de plus surprenant dans le parti de ceux qui cabalent contre les véritables sçavans, c’est qu’il s’y trouve quelquefois des personnes qui ont du génie, de la pénétration, & même de la science. Ce que je te dis, mon cher Brito, te paroîtra d’abord un paradoxe surprenant Mais lorsque tu réfléchiras sur la bizarrerie de l’esprit des hommes, sur l’envie que la plûpart d’eux ont de se rendre singuliers, & de se donner un relief, en adoptant les opinions les plus extraordinaires, tu ne t’étonneras plus de voir des gens sçavans autoriser quelquefois les sottises du peuple, & même en inventer de nouvelles.

Un moine nazaréen [1] a soutenu le plus extravagant systême que puisse enfanter le cerveau le plus troublé.

Ce moine avoit cependant de l’esprit. Il écrivoit assez bien : mais il voulut se rendre chef de la plus impertinente secte qui se fût jamais élevée contre les anciens. Il ne s’amusa pas à discuter les défauts qui pouvoient se trouver dans leurs ouvrages. Il trancha court la difficulté, & soutint que les livres anciens soit

  1. Le pere Hardouin, jésuite.