Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/209

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de leurs coutumes & de leurs cérémonies ? Ils ne manqueroient pas de me citer la tradition. Personne n’en fait un plus grand usage que les nazaréens papistes. C’est leur grand cheval de bataille. Ils se tirent par ce moyen de tous les mauvais pas. Le plus difficile devient aisé à applanir par le secours de la tradition. Quelle injustice n’y a-t-il pas à vouloir priver les autres hommes des priviléges qu’on s’accorde aussi libéralement ? Eh quoi ! En Europe il sera permis d’autoriser une coutume, de la consacrer même, quelque ridicule qu’elle soit, dès qu’elle a été approuvée par les anciens : & dans l’Afrique, il sera défendu de penser de même, sous peine de passer pour grossier & entêté ? Qu’on me montre la raison de ce privilége, & je suis prêt à me ranger au sentiment des nazaréens. Jusqu’alors je les plains, eux & les Coptes de leur aveuglement. Je regarde même les Européens avec plus de mépris, puisqu’ils apperçoivent dans les autres le ridicule de leurs opinions, & qu’ils ne sçavent point en profiter.

Il est pourtant vrai, mon cher Monceca, que les Coptes sont des peuples méprisables ? Ils font même très-souvent un commerce honteux de leur religion ; & pour une modique somme