Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/210

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il en est plusieurs qui entrent dans la communion nazaréenne, qu’ils abandonnent, dès que le motif de l’intérêt & de l’espérance vient à disparoître. Ils ont entr’eux un proverbe qui dit, point d’argent, point d’église : maphis fellou, maphis quenisse. [1]

Les conversions des Coptes sont sur le même pied que le service des Suisses : point d’argent, point de Suisses. On a beau leur représenter qu’ils vont se replonger dans l’hérésie : ils retournent tranquillement à leur ancienne église, & disent pour leurs raisons, qu’ils ont prié à la Romaine autant qu’on les a payés, & qu’ils ne sont pas obligés d’en faire davantage. Juge par-là du fruit & du progrès de ces missions si vantées en Europe. Tous les Francs qui sont ici avouent, qu’il n’est jamais mort de Copte hors de sa religion, & que tôt ou tard ils y retournent tous. Il est même ridicule de penser que cela puisse arriver autrement, attendu la haine & le mépris qu’ils ont pour la croyance des nazaréens.

Dès leur plus tendre enfance, on ne les entretient que de discours au désavantage des religions qui sont contraires à la leur : on leur inspire des sentimens odieux pour

  1. Là-même, pag. 109