Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/226

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connue de quiconque veut se donner la peine de l’appercevoir.

Quelques personnes croyent l’opinion des idées innées utile & nécessaire à prouver l’existence de Dieu. Ils souffrent à regret qu’on rejette un argument qu’ils croyent décisif contre les athées. D’abord, disent-ils, qu’on prouve qu’il est des idées innées avec l’ame, on force les libertins d’avouer l’existence de la divinité ; parce que l’ame en naissant, apportant avec elle l’idée d’un Dieu, il faut nécessairement que ce soit Dieu lui-même qui la lui ait empreinte.

Ceux qui raisonnent ainsi, ne voient pas qu’ils tombent dans une pétition de principe. Car les Spinosistes nient ces idées : & le tems qu’on perd à vouloir leur en prouver la vérité, est du tems employé en pure chicane, qui n’éclaircit rien : au lieu qu’en allant d’abord aux raisons essentielles, on convainc aisément les gens assez aveugles pour nier une chose dont il est aussi aisé de leur donner des preuves, que de leur existence même.

Je ne crois pas qu’il y ait aucun athée assez fou pour oser dire, qu’il a été de tout tems. Il faut donc que quelque chose ait été avant lui : & en remontant plus haut, que quelque chose ait été de toute éternité car ce seroit