Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’humanité ; & qui, dans leurs égaremens ne conservent que la figure humaine : cent fois plus coupables que ces peuples qui attirent sur eux le feu céleste. Les payens croyoient servir leurs dieux en leur immolant beaucoup de nazaréens. Les Portugais pensent honorer le ciel en faisant brûler nos freres. Les Molinistes offrent à Dieu les tourmens qu’ils font souffrir au Jansénistes. Les Druses du Mont-Liban épousent leurs filles, & il y a un jour de l’année où ils se mêlent indifféremment avec les femmes les uns des autres. [1]

Que deviennent donc, mon cher Isaac, les principes innés de morale ? Où se trouve ce consentement universel, que ceux qui soutiennent ces idées veulent que tous les peuples accordent à ces mêmes idées ? C’est-là leur plus fort argument. Mais l’expérience étant contr’eux, tous leurs raisonnemens philosophiques doivent s’évanouir ; & c’est vouloir disputer gratis, que de nier une chose

  1. Voyez Bespier, Remarques sur Ricaut. tom. II. page 649.