Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/260

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Inigo de Guipuscoa n’est autre que le fameux Ignace de Loyola, & que la monarchie des Inighistes n’est autre que celle des jésuites, qui s’est depuis rendue si redoutable à tout l’univers. L’auteur fait une histoire très-curieuse de son établissement subit & prodigieux dans toutes les parties du monde, en moins de soixante à quatre-vingt ans : & cela, malgré les fortes opinions des corps les plus puissans & les plus célébres. Sans les injurier, il y dépeint parfaitement bien des gens dont tout le monde se mêle de parler sans les connoître : s’il leur rend justice sur ce qu’ils ont de bon, il ne les flatte nullement sur ce qu’ils ont de mauvais. Il ne rapporte presque par-tout néanmoins que ce qu’en ont dit les jésuites eux-mêmes. Mais par la façon & le tour qu’il donne à ce qu’il emprunte d’eux, il fait évidemment voir le ridicule des pieuses folies de leur héros, qu’ils ont voulu donner pour des miracles.

Il n’oublie pas sur-tout celles qu’ils firent à son apothéose, qui ne les exposerent pas moins à la risée qu’à l’indignation publique. Il développe habilement leurs vûes secrettes & leurs ressorts les plus cachés de leur politique, il découvre nettement les inconvéniens de leur morale. En un mot,