Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/261

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c’est un tableau fidéle de leurs maximes, de leur conduite : & après les fameuses Provinciales, je n’ai rien lû d’aussi bon, ni d’aussi bien écrit sur leur chapitre.

Ce livre ne paroissant encore ici qu’en secret, je ne l’ai eu que par le moyen du chevalier de Maisin. Je ne sçais pas ce qu’en diront les révérends peres, lorsqu’il sera plus connu : mais je sçais bien qu’ils ne soutiendront pas qu’il soit descendu du ciel, ainsi qu’ils l’ont assuré d’un certain livre que publia leur Inigo, dans un tems ou il étoit si ignorant, qu’ayant été étudier quelques années après à Paris au collége de Ste Barbe, il pensa y avoir le fouet à l’âge de trente-trois ans. Cela a fait prendre à ses disciples le parti de soutenir, que Dieu avoit envoyé du ciel, par l’ange Gabriel, à Inigo, ce livre mystique intitulé : Exercices spirituels. [1]

Quoique cette idée soit prise des Turcs, & que ce soit là la manière dont Mahomet assuroit que l’Alcoran lui avoit été remis :

  1. Refert Ludovicus de Ponte, vir omni exceptione major, in vita P. Baltasaris Alvarez, cap. XLIII. Deum haec exercitia sancto patri nostro revelasse, imo per Gabrielem Archangelum non nemini fuisse à Dei para virgine significatum, se patronam eorum, fondatricem, atque adjutricem fuisse, docuisseque Ignatium ut ea sic conciperet. Sotwel, bibliothec. societat. Jesu, pag.