Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/266

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à ces remédes connus de tout le genre humain. Pour qu’un médecin de Montpellier ait un léger avantage sur un barbier de village, il faut que les maladies qu’il traite puissent se guérir par des remédes appliqués immédiatement, & que la main puisse elle-même se porter sur le mal. Alors la connoissance de la physique & de l’anatomie rendent l’espérance de la guérison presque certaine.

J’aurois envie de regarder la science des médecins, comme les philosophes regardent la matière sur laquelle la seule matière peut agir. Eux de même ne peuvent se flatter de guérir les parties du corps humain que lorsqu’ils peuvent agir immédiatement. Dès qu’ils emploient des secours étrangers, les voilà égaux aux plus petits apothicaires. J’ai parlé avec la même liberté que je t’écris à plusieurs sçavans médecins. Ils ne convenoient pas tout-à-fait de ce que je leur disois. Ils soutenoient que l’expérience corrigeoit le peu de pouvoir qu’on avoit de connoître, & de voir ce qui se passoit dans le corps humain. Mais ils avouoient que cette expérience étoit excessivement difficile à acquérir ; & que les premiers malades qui servoient à former un médecin, se trouvoient dans une crise bien dangereuse.