Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/272

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plus braves citoyens, a contribué aussi à l’abolissement de ces fêtes. On a voulu éloigner tout ce qui avoit l’air de combat particulier, pour accoutumer plus aisément les François à ne plus se servir de leur bravoure, que pour le bien de leur patrie & de leur souverain.

Les guerres continuelles que les François ont presque toujours eues, les ont empêchés de s’appercevoir combien il est utile pendant la paix, d’élever la noblesse dans des usages qui lui rendent les armes familières. Ils ont d’ailleurs suppléé à ce défaut de tournois par plusieurs établissemens utiles.

Les académies, les compagnies de mousquetaires & la maison du roi, sont des écoles pour former la jeune noblesse. Mais il me semble qu’on ne l’anime point assez par des récompenses honoraires. Dans un état aussi bien policé que la France, il devroit y avoir toutes les années un certain nombre de prix destinés aux exercices militaires, comme il en est pour les sciences. Je voudrois que le corps des ingénieurs en eût un, qui lui fût affecté ; & qu’on en distribuât plus à chaque régiment. L’officier le plus sçavant dans les évolutions militaires, l’ingénieur le plus habile dans la science des fortifications, recevroient