Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/277

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d’aucun usage, & qu’il ne peut espérer raisonnablement de comprendre. De ce genre, sont les questions qui traitent de l’infini ; car notre entendement fini se perd, & s’éblouit dans l’infinité, qui produit un chaos d’idées contraires les unes aux autres, entre lesquelles l’esprit demeure dans un doute & une confusion qui l’empêchent de pouvoir jamais se déterminer avec quelque apparence de vérité.

Les philosophes anciens ont disputé sur l’infinité. Ils ont apporté des raisons probables des deux côtés. Mais cette question est si remplie de difficultés, que, lorsque l’esprit cherche à l’approfondir, il est toujours arrêté par les objections qu’il se forme à lui-même. Ensorte qu’étudier de semblables matières, ce n’est qu’apprendre à douter. [1]

Pour être convaincu de la vérité de mon opinion, il ne faut qu’examiner les divers systêmes des philosophes. On peut, quelque différens qu’ils paroissent, les ramener à deux seuls ; chez les anciens, à ceux des Epicuriens & des Péripatéticiens ; & chez les modernes,

  1. Voyez la philosophie du bon-sens, & ou réflexions philosophiques sur l’incertitude des connoissances humaines. Le but de ce livre est de montrer combien peu il y a de solidité dans la plûpart des sciences.