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LETTRE LXXXVIII.

Aaron Monceca, à Isaac Onis, caraïte, autrefois rabbin de Constantinople.

Paris, mon cher Isaac, est un séjour qu’on ne sçauroit abandonner sans regret. Mais quelque peine que j’aye d’en partir, c’est ici, selon toutes les apparences, la dernière lettre que je t’écrirai de cette ville. Je pars dans trois ou quatre jours pour Lille en Flandre. Je passerai ensuite à Bruxelles. Les nouveaux pays que je verrai, fourniront une ample matière à de nouvelles réflexions, que je te communiquerai avec beaucoup d’exactitude.

J’ai tâché dans les lettres que je t’ai écrites de Paris, de te faire connoître le plus exactement que j’ai pû, les mœurs & les coutumes de ses habitans. L’usage que tes voyages dans les cours d’Allemagne t’avoient acquis, t’aura donné la facilité de suppléer aux choses que j’aurai pû oublier, ou ne point t’expliquer assez clairement. Je crois pourtant, que je n’ai rien omis d’essentiel. Je t’ai parlé des courtisans, des ministres, des gens de robe, des bourgeois, des sçavans, des ecclésiastiques, du menu peuple : &