Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/287

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ils ont attaché l’idée des sciences à des connoissances vaines & inutiles. Ils ont préféré, aveuglés par leurs préjugés, les sciences superficielles aux solides & aux nécessaires. Quand un homme, dit un grand philosophe nazaréen [1] se met en tête de devenir sçavant, & que l’esprit de polimathie commence à l’agiter, il n’examine guère quelles sont les sciences qui lui sont les plus nécessaires, soit pour se conduire en honnête-homme, soit pour persuader sa raison : il regarde seulement ceux qui passent pour sçavans dans le monde : & ce qu’il y a en eux qui les rend considérables.

C’est-là ce qui donne du goût à bien des jeunes gens pour des études inutiles & infructueuses : ils emportent du collège plusieurs préjugés dangereux. Ils ont été persuadés que leur régent, philosophe scholastique, grand amateur de chimères, étoit un grand homme : & ils croyent ne pouvoir faire mieux que de l’imiter.

Porte-toi bien, mon cher Brito. Vis content & heureux, & que le Dieu te comble de prospérités.

De Paris, ce…

  1. Mallebranche, recherche de la vérité, liv. III. p. 1, chap. IV. pag. 84.