Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/296

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condamnent sévèrement le molinosisme, & n’approuvent guère ceux qui donnent dans les idées mystiques.

Ils voudroient qu’on pratiquât la religion nazaréenne dans sa pureté : ils observent les ecclésiastiques à qui ils confient la direction des peuples ; mais leur soin est presque inutile. Ce ne sont pas les prêtres séculiers qui causent du désordre dans la croyance papiste. Ils sont généralement honnêtes-gens, comme je te l’ai déja dit ; & leurs mœurs sont entiérement opposées à celles des moines. Les curés, c’est ainsi que les François appellent les ecclésiastiques chargés du détail de certain quartier, sont ordinairement charitables envers les pauvres, attentifs à soulager les familles. Ils secourent l’orphelin, ils protègent la veuve, ils entretiennent l’union entre les parens, ils terminent les différends, enfin ils sont réellement les peres des peuples dont ils sont chargés. Quelques-uns des évêques agissent avec autant de prudence & de sagesse. Je ne comprends donc point quelle est la folie des François, ayant des prêtres aussi honnêtes-gens, de souffrir parmi eux, & de nourrir une foule de fainéans, de fourbes, & de débauchés, qui détruisent dans un moment tout ce que les autres ont fait avec bien de la peine.