Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/307

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n’y trouveroit-on pas ? Le bel ouvrage que l’on feroit, si l’on ramassoit toutes les impertinences monacales ! Un homme qui voudroit travailler à l’histoire des égaremens de l’esprit humain, ne manqueroit pas de matière en travaillant sur des mémoires aussi fertiles & aussi abondans.

Le talmud des rabbins est cent fois plus ridicule que l’alcoran. Ne crois pas, mon cher Monceca, que l’esprit de parti détermine mon sentiment. En méprisant le talmud, j’oublie que je suis caraïte. Ce n’est point comme partisan & sectateur d’une croyance opposée à celle des rabbins, que je condamne ce monstrueux ouvrage, c’est comme philosophe, c’est en qualité d’homme qui cherche à faire usage de la lumière naturelle. Je ne doute pas que tu ne penses un jour de même que moi. Il est impossible, que faisant usage de ta raison, tu n’embrasse les opinions des sensés caraïtes. Examine les sentimens absurdes des rabbins : étudie celui de leurs adversaires : sers-toi de la lumière naturelle que le ciel t’a donnée : & décide ensuite. Tu ne tarderas pas à connoître le véritable judaïsme, la loi épurée, telle que le prophête législateur nous l’a donnée. Considères, mon cher Monceca, que les juifs rabbinistes se