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LETTRE LXV.

Jacob Brito, à Aaron Monceca.

J’ai quitté Naples depuis quinze jours, & je tâcherai d’arriver en Suisse le plutôt qu’il me sera possible. Je resterai cependant quelques jours à Milan. Depuis que je suis dans cette ville, j’ai apperçu bien des choses qui méritent l’attention d’un voyageur. Elle est grande & bien bâtie. Les François & les Piémontois, au pouvoir de qui elle est encore pour quelque tems, y sont peu aimés des habitans. Les maris jaloux, soupirent après l’heureux instant où les Impériaux viendront les délivrer d’incommodes galans.

Depuis que les François sont maîtres de Milan, le vin a beaucoup diminué de prix, & le nombre de baptêmes s’est considérablement augmenté. Beaucoup de maris qui n’avoient jamais en eu d’enfans, & qui croyoient leurs femmes stériles, jouissent maintenant du doux nom de pere.

Les dévots attribuent cette heureuse multiplication aux intercessions de Charles Borromée : les astrologues assurent qu’on en est