Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

redevable aux heureuses influences des astres [1] ; mais les jaloux pensent que les François y ont beaucoup plus de part que les saints & les globes célestes.

Ils attendent donc le retour des Allemands avec beaucoup d’impatience ; je ne doute pas qu’ils ne fassent rendre publiquement des actions de graces à leur arrivée, aux saints en qui ils ont plus de confiance.

Les Milanois, ainsi que les autres Italiens, ont auprès de la Divinité de très-grands protecteurs auxquels ils ont bâti des temples magnifiques. Les principaux avocats qu’ils ont choisis dans la cour céleste, ont vécu autrefois dans leur ville. Clou [2] et Charles Borromée sont les plus distingués.

Le jour de la fête du premier, on expose sa châsse sur le grand autel du dôme. Le peuple vient de tous côtés se prosterner devant lui. Une foule de possédés accourt en

  1. L’Almanach de Milan est très-renommé.
  2. Ceci a besoin de quelque explication. Jacob Brito entendant parler à Milan de S. Clou, a cru que ce clou étoit réellement un saint qui avoit existé autrefois en chair & en os ; mais ce clou dont il est question, n’est qu’un gros morceau de fer que l’avarice a déïfié sous le prétexte que c’étoit un de ceux qui avoient servi à la vraie croix. Il se trouve en Europe cinquante-trois cloux de cette espèce, & chaque église qui en possède un, ne manque pas d’en soutenir l’authenticité aux dépens de ceux des autres.