Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/316

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Et le pontife de Montpellier publieroit un manifeste, pour en attester l’authenticité.

Lorsque les philosophes examinent, mon cher Isaac, la partialité que les hommes ont en général pour les sentimens qu’on leur a inspirés dès leur enfance, ils découvrent l’origine de toutes ces histoires ridicules, que les différentes religions se sont mutuellement prêtées. Quelles absurdités le commun des Turcs ne débite-t-il pas des croyance des nazaréens ? Quelles fables ces derniers n’inventent-ils pas à notre sujet ? Vouloir juger d’une religion par ce qu’en ont écrit certains auteurs, qui lui étoient opposés, c’est chercher à s’instruire de l’histoire, dans les contes de fées, & les mille & une nuits.

Si l’on en croit les trois quarts des docteurs nazaréens, les Turcs ne restent dans leur aveuglement que par débauche, ou parce qu’ils n’ont aucune idée du nazaréïsme. Mais il n’y a rien de si faux que ce sentiment. Les mahométans connoissent les opinions de leurs adversaires : & ils ont eu plusieurs auteurs controversistes, qui les ont réfutées, & qui se sont servis d’argumens capables de faire impression, non-seulement sur les esprits déjà prévenus par les préjugés, comme le sont ceux des Turcs, mais encore sur ceux des gens désintéressés, &