Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/318

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constituent la croyance nécessaire au salut. D’ailleurs, toutes les religions, si l’on en excepte celle des nazaréens réformés, sont également surchargées d’usages abusifs & de coutumes vicieuses, qui se sont introduites peu-à-peu. Un homme sage les regarde comme des choses étrangères, & qui n’ont rien de commun avec les points essentiels. Je suppose donc, que, laissant à part les cérémonies musulmanes, on propose à un philosophe payen, qui n’aura point d’idée du judaïsme ou du nazaréïsme, une confession de foi mahométane. Je ne doute pas qu’après l’avoir examiné, il ne la reçoive avec soumission, & qu’il ne regarde celui qui lui en aura expliqué les vérités, comme un grand-homme, comme un génie supérieur, & même comme une personne éclairée de la divinité. Voilà le cas où se trouvoient les premiers sectateurs de Mahomet : ils étoient presque tous payens. Les juifs & les nazaréens, qui se joignirent à eux, étoient extrêmement mal instruits de leur religion, & n’en avoient aucune véritable idée. Ils se laisserent aisément séduire par les discours de Mahomet. Son style flatteur fit sur eux le même effet que la beauté des premiers principes de sa religion causa parmi les payens. On ne doit donc point