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LETTRE XCII.

Aaron Monceca, à Isaac Onis, caraïte, ancien rabbin de Constantinople.

Je ne pus t’apprendre dans ma dernière lettre, mon cher Isaac, une conversation que j’ai eue à Lille avec un officier, pour qui le chevalier de Maisin m’avoit remis une lettre en partant de Paris. Il me reçut de la manière du monde la plus polie, mais la plus sérieuse. Je fus surpris de cet accueil : & il me parut que cette façon d’agir étoit contraire au caractère d’un François, & d’un François militaire, qui ordinairement est gai, enjoué, & même folâtre. Le chevalier de Maisin m’avoit prévenu, que cet officier avoit du goût pour les sciences. Cela augmenta mon envie de faire connoissance avec lui. Après quelques discours généraux, nous vînmes à parler des gens que j’avois connus à Paris. Je nommai plusieurs personnes de lettres. Il fit paroître beaucoup de goût & de discernement dans le jugement