Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/340

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voyez donc que des gens de son caractère ne sçauroient avoir de mépris pour les sciences : & c’est mal connoître l’officier François que de croire qu’il fasse gloire d’être ignorant.

« Au reste, continua l’ami du chevalier Maisin, vous auriez encore une idée plus fausse, si vous vous figuriez que tous les militaires n’eussent en partage que l’envie de paroître sçavans. Il en est plusieurs qui le sont réellement, sur-tout parmi les ingénieurs, que leur métier engage à l’étude des mathématiques. Mais ils sont forcés d’allier leurs talens avec le genre de vie militaire. Après avoir travaillé, raisonné, philosophé même dans le particulier, il faut qu’ils sifflent, qu’ils chantent, & qu’ils folâtrent en public, & qu’ils remplissent leurs emplois, & les devoirs essentiels au petit-maître. Quelque peine qu’ils ayent de se soumettre à cela, ils passeroient pour des gens grossiers, lourds, pesans & incapables de prendre le bon air, s’ils vouloient s’en exempter.

« Ainsi, monsieur, tels officiers, que vous voyez souvent la main dans la ceinture, l’épaule haute & la tête penchée, se