Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/347

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il est prouvé clairement, & cela par une filiation très-suivie que le chef de cette maison, vivant il y a environ trente ou trente-cinq ans, descendoit d’Adam en droite ligne. J’ai été charmé de voir que les seigneurs Bruxellois fussent assez modestes pour ne point adopter l’opinion de pré-Adamites, & qu’ils aimassent mieux se contenter de descendre d’Adam, que d’admettre une opinion contraire à la Genèse.

Si la noblesse des Brabançons est fort ancienne, leurs connoissances & leurs talens sont en revanche bien petits. Ils sont un peu plus ignorans que les Espagnols, & un peu plus superstitieux que les Portugais : & l’ignorance est le partage en général des Brabançons ; le peuple en cela disputant avec le bourgeois, le bourgeois avec le noble, & le noble avec l’ecclésiastique. Si l’on en excepte Juste-Lipse, Aubert & le Mire & quelque peu d’autres, je ne crois pas qu’il y jamais eu d’auteur Flamand ou Brabançon qui ait mérité l’estime des connoisseurs. Ce pays a produit quelques mauvais poëtes Latins, quelques théologiens de la classe d’Escobar & de Tambourin : & j’aimerois autant chercher des neiges dans les déserts de Barca, que de bons poëtes, de grands orateurs & d’habiles philosophes, en Flandre & en Brabant.