Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/349

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du prétexte d’un catéchisme solemnel, de grosses cloches étant nécessaires pour être entendues dans tous les quartiers de Bruxelles. Les jésuites de cette ville comprirent heureusement ce que vouloit dire le frere-lai : ils firent des catéchismes deux fois la semaine, & ils obtinrent enfin ce qu’ils souhaitoient.

Quelque belle que soit leur église, elle ne l’est point autant que celle de certains moines qu’on appelle capucins. Ce sont des gens excessivement crasseux & ignorans, l’excrément des moines, & les plus inutiles à l’état. Ils ne vivent que d’aumônes, n’ont aucune école publique, se piquent d’une grande humilité, vont à demi-nuds, portent une grande barbe, sont ceints d’une corde, & rien n’a l’air aussi sale & aussi mal-propre que leur habillement. Le menu peuple a pour eux autant de vénération que les Turcs en ont pour leurs dervis. Mais, quelque humbles & dévots qu’ils paroissent, il est peu de moines aussi mauvais que ceux-là : & ils le sont également dans tous les pays. En Espagne, ils étoient à la tête des révoltés de Catalogne ; on les voyoit sur le rempart de Barcelone, au milieu des soldats, exciter le feu & le carnage. Pendant que la contagion ravageoit