Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/352

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Quoiqu’il n’y ait point d’inquisition à Bruxelles, on risqueroit beaucoup de s’y expliquer librement sur de pareilles matières ; les Brabançons étant de tous les peuples les plus superstitieux. Il y a quelques siécles qu’on brûla quelques-uns de nos frères, qu’on accusoit assez mal-à-propos d’avoir abusé des mystères de la religion nazaréenne : & ces infortunés furent exécutés sur la plus haute tour des murailles de la ville. Ses habitans font servir la mort de nos frères à l’augmentation de leurs miracles : ils disent que le feu, qui consuma ces misérables, fut vû de quinze lieues à la ronde, & qu’on apperçut tout le tems qu’il dura, deux figures infernales, qui disparurent dès que les Israélites furent consumés entièrement. Ils font des cantiques de cette prétendue aventure, pour entretenir la superstition de leur populace, & je vis un jour un de leurs amphions ambulans en entonner un de cette sorte :

Accourez tous, pour voir, peuple fidèle, Ce vilain juif, appellé Jonathan, Lequel, poussé d’abominable zèle, Assassina le très-saint sacrement.

Jacob Brito m’a écrit plusieurs fables que les Italiens racontent ; mais il y a en Flandre & en Brabant autant