Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/364

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notre sortie d’Egypte, & avec le dernier mépris : de sorte que non-seulement ils ne disent rien du passage de la mer rouge, mais qu’ils osent même avancer que nos peres n’étoient que des lépreux, qui furent chassés comme un peuple sale & infect ? La haine des Egyptiens contre notre nation peut avoir occasionné l’erreur de ces historiens. Mais je trouve surprenant que dans les annales d’Egypte & dans les histoires de cette nation, on ne parle point de cet événement qui fit périr Pharaon & son armée entiere.

Comment est-il possible de se figurer que la Grece, l’Ethiopie, la Thrace & les autres empires voisins de l’Egypte ayent pu ignorer un fait tel que celui-là ? Et s’il est vrai que par vanité, les Egyptiens ayent voulu le laisser ignorer à la postérité, quelle raison les autres peuples avoient-ils pour se taire ! Cependant nous ne sçaurions douter de la punition de Pharaon : nos livres saints déterminent notre croyance ; & lorsqu’ils ont parlé, il ne reste plus qu’à nous soumettre.

Avouons donc, mon cher Monceca, que dans les choses les plus essentielles, l’histoire nous laisse souvent dans un grand embarras, & qu’elle ne peut nous éclaircir : les livres qui parlent des Egyptiens,