Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/365

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en parlent comme d’un peuple si ancien, qu’ils ne rapportent que vaguement & légerement ce que leurs prêtres disoient de leurs anciens gouvernemens. Mais comment peut-on même ajouter foi aux contes & aux fables de ces prêtres qui assuroient & soutenoient avec opiniâtreté la vérité & la réalité de leurs dynasties, qu’ils faisoient remonter à plus de dix-sept mille ans, autre contrariété évidente à nos livres & à nos écritures ? Ce qu’il y a de certain, c’est que l’Egypte est un des pays que nous appercevons après le déluge le plutôt peuplé, & élevé à une grande puissance. Hérodote dit que dès le régne d’Amasis, un des premiers rois d’Égypte, il y avoit vingt mille villes bien peuplées, dont les habitans cultivoient les sciences. Ce fut cet Amasis qui fit orner de statues colossales le temple de Vulcain & celui de Minerve, à l’entrée duquel il fit placer une maison faite d’une seule pierre, que deux mille hommes, gens de mer, ne purent amener qu’en trois ans. Cette maison a de face vingt coudées, quatorze de largeur, & huit de hauteur. [1] Hérodote parle comme ayant vû cette maison. Est-il possible qu’un peuple qui construisoit

  1. Hérodote, liv. II.