Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/40

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nous pourrions, mon cher Monceca, en trouver à Milan qui conviendroient parfaitement à nos synagogues. On conserve dans la cathédrale de cette ville la verge de Moïse. Il est vrai qu’il n’est pas prouvé démonstrativement que ce soit la même dont ce prophete se servit ; car on en montre une autre à Rome dans saint Jean de Latran : mais on pourroit, pour ne point se tromper, les acheter toutes les deux, ou supposer pieusement que ce législateur ait eu deux baguettes, la chose étant très-possible. Lorsqu’on veut des reliques de cette ancienneté, il ne faut pas s’amuser à des bagatelles & à chicaner sur des vétilles, on doit prendre le tout en gros à la façon des nazaréens. Si nous voulions approfondir ce qu’on dit touchant la verge de Moïse, nous serions pour le moins aussi embarrassés qu’eux. Le rabbin Abarbanel a fait une longue dissertation sur cette verge : il a débité un grand nombre de rêveries ; & a assuré magistralement, que Moïse l’avoit emportée sur la montagne où il étoit mort, & qu’elle avoit été mise dans le tombeau de ce prophete. Je voudrois que rabbin Abarbanel me fît la grace de me dire qui lui a révélé ce fait. Jusques alors, nous pouvons en sûreté