Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/41

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nous accommoder des deux baguettes qu’ont les nazaréens : quitte à en acheter une troisième, si elle vient à paroître.

Il y a encore dans une autre église [1], une relique bien plus considérable.

C’est le serpent que Moïse éleva dans le désert. Quand à celle-là, elle n’est point double, ainsi que la verge : mais, quoi qu’en disent les nazaréens, je doute qu’elle soit du tems du prophete. Je croirois volontiers que c’est un mémorial de quelque événement extraordinaire, comme l’oye du Capitole.

Je ne conseillerois donc pas à nos synagogues de vouloir se charger de cette pièce antique, que je crois Romaine plutôt qu’Egyptienne. Ce fameux serpent est de bronze : on l’a placé sur une colonne de marbre. Jusqu’où ne va point l’aveuglement des hommes ! mon cher Monceca ; plaignons-les plutôt que de les mépriser. La foiblesse est le partage de l’humanité. Heureux ceux à qui le ciel a accordé un peu plus d’intelligence qu’aux autres !

Porte-toi bien, mon cher Monceca. Dès que j’entrerai dans la Suisse, je te donnerai de mes nouvelles. Vis content & heureux.

De Milan, ce…

  1. Dans la sacristie de l’église de S. Ambroise.