Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/48

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ce qui n’est point dans Cujas, du Moulin & d’Argentré.

La liberté de l’esprit étoit chez les anciens une des principales causes de l’éloquence. Les Grecs & les Romains cherchoient moins à s’appuyer sur l’autorité des autres, que sur les raisons qui leur paroissoient convaincantes. il y a moins de citations, dans tous les plaidoyers de Cicéron & de Démosthène, que dans la première page de ceux de le Maître. Qu’importe qu’un docteur, qu’un pere de l’église, qu’un Jurisconsulte aient soutenu un sentiment ? Dès qu’il est contraire à la raison ou à l’utilité publique, on n’en doit pas faire plus de cas que de celui d’un ignorant.

Il y a de la folie à vouloir justifier les foiblesses de certains hommes. Il faut les louer dans ce qu’ils ont de bon. Mais c’est une idolâtrie ridicule que de déïfier leurs défauts. Quoi ! parce du Moulin & d’Angentré ne seront point d’accord sur certaines questions, je n’oserois décider ce qui me paroîtra clair & évident ? Je serai des années entières à prendre ma détermination ? Un examen aussi inutile émousse la pénétration de l’esprit, & en épuise la vivacité & la force.

Les Anglois prennent un chemin bien plus sûr,