Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/49

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pour parvenir aux sciences. Ils n’accordent leur consentement qu’à la vérité. L’autorité de tous les auteurs anciens & modernes, ne pourroient les effacer à ne point faire usage de leur raison. Ils jugent des choses par les notions qu’ils en ont, & non point par les idées qu’en ont les autres. La liberté, dont jouit la nation Angloise, pourroit encore aider beaucoup ceux qui s’appliquent à l’éloquence.

Un orateur, à la tête des communes, qui parle pour le bien & le salut de sa patrie, qui instruit le souverain des besoins du peuple, qui renouvelle les assurances de l’alliance mutuelle & du contrat réciproque qu’il y a entre le prince & les sujets, traite des matières aussi importantes que celle des orateurs Grecs & Romains. Il ne seroit donc pas extraordinaire que l’éloquence fût poussée plus loin en Angleterre qu’en France. L’ambition peut même y servir beaucoup. Un habile avocat à Paris gagne cinq ou six cent mille livres tout au plus, pendant le cours de sa vie : mais quelque éloquent qu’il soit, sa science & ses talens ne sont payés que d’un salaire journalier ; il n’en doit attendre aucune récompense. En Angleterre, plusieurs honneurs sont attachés à ceux qui se distinguent