Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/52

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que les principales régles de la morale, & les points fondamentaux de leur religion ? Bourdaloue, Bossuet, Fléchier, &c. ont été beaucoup plus parfaits dans leur genre, que Patru, le Maître & Errard. Ils n’étoient point cependant plus éloquens que ces derniers : mais ils avoient des sujets plus vastes & plus grands : ils étoient les maîtres d’employer à polir leurs ouvrages autant de tems qu’il leur en falloit pour les perfectionner. Il n’en est pas de même des avocats. Patru, qui voulut préférer la gloire aux richesses, & qui content de la réputation, travailla un certain nombre de plaidoyers avec beaucoup de soin, vécut dans l’indigence, & mourut de même. Il fut assisté par un poëte, dont la générosité répara les caprices de la fortune. [1]

Quelle honte pour les François, qu’un homme tel que Patru ait été à la veille de mourir de faim, tandis que Chapelain, & une foule de mauvais auteurs, avoient des pensions considérables. Voilà, mon cher Isaac, un

  1. M. Patru ayant besoin d’argent, vouloit vendre sa bibliothèque. Boileau qui apprit la résolution de ce sçavant indigent, acheta sa bibliothéque, & ne voulut jamais en prendre les livres qu’après la mort de M. Patru.