Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/65

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de la domination desquels ils se sont autrefois soustraits.

Deux raisons obligent la France & les Suisses à protéger cette république. Les François ne doivent point souffrir que les Savoyards & les Piémontois s’accroissent en-deçà des Alpes : & les cantons protestans ne doivent point laisser détruire ou subjuguer une ville qui peut être regardée comme la métropole de la religion réformée.

La politique & la religion conspirant toutes les deux à la défense des Genevois, je ne sçais ce qui peut les engager à vouloir rendre leur ville aussi forte que les meilleures places de l’Europe.

Je crois qu’en bonne politique, on doit condamner leur conduite. La France n’eût jamais été tentée de manquer à l’alliance de Genève, si elle eût toujours resté dans son premier état. Qui sçait si dans la suite elle pensera toujours de même. C’est risquer beaucoup que d’exposer une belle femme aux regards d’un homme dont le cœur s’enflamme aisément, & qui peut trouver le secret d’être heureux. Peut-être les Genevois se repentiront-ils un jour d’avoir paré & habillé leur ville comme une nouvelle mariée. Quelque roi de France, pourroit bien s’en rendre amoureux, & l’épouser