Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/69

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par le culte & les cérémonies. Heureux sont ceux dont les régles & les préceptes conduisent par le plus court chemin à la félicité : mais parce qu’ils sont plus éclairés que les autres, qu’ils ont plus de moyens pour faire leur salut, ils doivent plaindre plutôt que mépriser ceux qui ont plus de peine qu’eux à parvenir à la voie céleste.

Je t’avouerai, mon cher Monceca, que je suis tenté de regarder le ciel comme un palais superbe, où l’on entre par quatre portes qui regardent les quatre côtés différens du monde.

On peut venir dans ce superbe édifice, de l’Orient, de l’Occident, du Septentrion & du Midi ; mais les chemins qui y conduisent ne sont pas également beaux. Nous autres juifs, nous marchons dans celui de l’Orient que la divinité nous a applani : les nazaréens viennent par celui de l’Occident raboteux & mauvais : les Turcs passent par la route du Septentrion, encore plus gâtée : & toutes les religions qui sont dans les Indes & dans l’Amérique, marchent dans la quatrième remplie de boues & entourée de précipices. Beaucoup de gens se perdent dans ce chemin ; mais cependant il en est qui arrivent au palais celeste, malgré