Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/72

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pas trop le soin d’entretenir. Je n’ai trouvé que six livres dix sols la semaine passée dans son tronc. Si cela va toujours de même, vous avez grand air, mes chers frères, de faire renchérir le plomb fondu dans l’enfer. Pensez-vous que S. Julien votre patron vous pardonne de le négliger autant que vous faites ? Vous vous trompez fort dans votre calcul. Quant à moi, je lui fournis de l’huile tant que je puis, & il est toujours bien éclairé. Mais voici tantôt la fête du lieu. Qui l’habillera ? Sera-ce moi ? Non, en vérité, je n’en ai pas le pouvoir. Je vous puis protester qu’il montrera le cul au premier jour, si vous ne prenez vos mesures. Cela vous fera un bel honneur, mes freres, lorsque les habitans du voisinage verront combien vous négligez votre patron ! Vous achetez tous les jours des cotillons nouveaux à vos femmes : vous leur donnez ce qu’elles vous demandent. Vous faites fort bien. Mais pensez-vous, lorsqu’on vous jettera une grande cueillerée de plomb fondu dans la bouche, qu’elles aillent vous porter un verre de limonnade pour vous la rafrîchir ? C’est alors que vous vous repentirez d’avoir, par votre négligence, mérité d’être au rang des hérétiques. Ah ! grand S. Julien, direz-vous, que ne vous ai-je