Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/73

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donné l’argent que j’ai employé à acheter une dentelle à Catherine ? Que ne vous ai-je fait présent de la piéce d’ètoffe que j’apportai de la foire ! Tous ces regrets seront inutiles, mes freres ; S. Julien ne vous en sçaura aucun gré : c’est à présent que vous vivez qu’il faut lui montrer votre zéle. J’entends que quelques-uns de vous autres se plaignent que les récoltes deviennent mauvaises. Nous n’avons point eu de vin, dites-vous, cette année : nous n’eûmes point de bled il y a deux ans.

Je le crois bien, mes frères. Ce sera bien pis à l’avenir. Pensez-vous bonnement que S. Julien aille demander à Dieu la pluie, le soleil, le froid, le chaud, selon les occasions nécessaires, pour des gens qui lui laissent porter un vieux habit depuis trois ans ? Vous vous trompez, mes freres. Vous serez traités comme les hérétiques, pour qui il n’est aucun salut, & qui sont dévolus en naissant au démon ; en sorte que dès qu’un calviniste ou un luthérien vient en ce monde, le diable l’enregistre dans l’autre sur son livre, comme un bien qui lui est dévolu.

De semblables discours rendent les instructions méprisables, les avilissent & les ravalent. Le temple où la parole de la divinité, doit se faire entendre