Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/90

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pécunieux pour les payer au même prix, que bien des princes souverains & des riches particuliers étrangers en eussent donné. La même politique a fait défendre de sortir les tableaux & les statues de Rome. Sans cette sage ordonnance, il y a long-tems que cette ville seroit dépouillée d’un nombre de belles choses que les nobles & les bourgeois eussent vendues : & peu-à-peu, les étrangers possédant chez eux ce qui les attiroit à Rome, n’y seroient plus accourus, ce qui lui eût porté un notable préjudice. On est si rigide sur ce réglement, que les grands-ducs de Toscane n’ont jamais pû obtenir de sortir l’Hercule antique de leur palais, pour le faire transporter dans leurs états.

Louis XIV, dans le tems de sa plus grande magnificence, fit acheter à Rome une partie des antiques qui sont dans la galerie de Versailles. Ce fut Poussin, peintre illustre, & sujet de ce monarque, qui fut chargé de les envoyer en France.

Le souverain pontife, ne pouvant faire autrement, y donna son consentement : mais on fut obligé, pour ménager l’esprit du peuple, & éviter une sédition, de les embarquer pendant la nuit, à l’insçu de tout le monde. Il est vrai que si Louis XIV avoit