Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voulu, il eût pû obliger les magistrats Romains à les lui envoyer eux-mêmes : il étoit pour lors assez craint dans Rome, pour qu’on n’eût osé le lui refuser ; mais il voulut bien qu’on évitât toutes les discussions. Lorsqu’on n’agit pas avec vigueur, les Romains les rendent éternelles : & il faut plus de tems pour terminer avec eux le moindre incident, que pour conclurre la paix universelle dans toute l’Europe. Il semble que l’esprit de vétille & de chicane soit le partage des prêtres nazaréens. Personne n’est plus atteint de ce défaut que les jansénistes & les molinistes. Lorsqu’ils ne peuvent disputer contre leurs ennemis & les contrarier, ils cherchent querelle à leurs frères & à leurs partisans. En voici un exemple récent.

Le pontife de Paris, dont je ne t’ai point encore parlé dans mes lettres, est fort haï des Jansénistes : ils ont affecté de noircir sa réputation par des libelles diffamatoires : mais les honnêtes gens ne se sont point laissés prévenir à ces invectives. Ce pontife est un fort galant homme. Il avoit gouverné avant d’être à Paris, une autre église, où il étoit aimé universellement, même des jansénistes. Il fut élevé à la première dignité ecclésiastique du royaume, & devint la victime de son rang. Obligé