Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/92

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de tenir ferme contre tous les efforts du parti janséniste, il regretta bien-tôt la paix qu’il goûtoit dans son ancien diocèse. Cependant, il chercha à adoucir les esprits le plus qu’il lui fut possible. Ennemi des voies de fait & de la rigueur, il eût souhaité qu’on eût voulu entrer sincèrement en accommodement. Mais le bon homme connoissoit peu les gens à qui il avoit affaire. Les jansénistes étoient si outrés contre lui, qu’ils lui reprochoient même de trop manger ; comme si l’appétit de ce prélat eût été un crime, & qu’il fût de l’essence des justes d’avoir l’estomac étroit. Il comprit enfin que tout ce qu’il feroit ne serviroit de rien, & il laissa les choses aller leur cours. On se plaignoit dans son diocèse depuis longtems, du peu de règle qu’il y avoit dans un livre que les nazaréens appellent bréviaire.

C’est un ramas de pseaumes du prophete-roi, entremêlé de quelques prieres de leur façon. Ce pontife ordonna à des gens sçavans dans la loi nazaréenne, de composer un nouveau bréviare. Quand on y travailloit, tous les jansénistes mumuroient & pestoient contre le livre & ceux qui le composoient. Les molinistes, au contraire, publioient par-tout que l’ouvrage qu’on alloit voir paroître, étoit excellent. Il a paru, & par un plaisant