Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/94

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qu’il ne vaut rien, & que l’arrêt du parlement ne sçauroit rendre bonne une marchandise gâtée. Ils comparent ce livre à du lard rance, capable de gâter la meilleure sausse. Ainsi, disent-ils, le livre peut empoisonner l’ame la plus saine. Je ne sçais où ces nazaréens ont été chercher cette comparaison : car elle est tout-à-fait dans le goût Hébraïque ; & c’est ce que pourroit dire de plus expressif un juif, vû l’horreur que nous avons naturellement pour le cochon, animal immonde & dont la chair nous est défendue par notre sainte loi.

Il n’y a rien de nouveau à Paris que la dispute sur ce bréviaire. J’aurai soin de t’instruire de la façon dont elle finira.

Il y a apparence que les prêtres seront obligés de céder ; car les juges séculiers ont une façon de les punir qui leur est très-sensible. Ils les privent de leur revenu ; & l’intérêt est si cher aux eccclésiastiques que c’est le seul moyen pour les réduire au point où on veut les amener.

Celui qui s’est déclaré le plus ouvertement contre l’introduction de ce nouveau livre, a particulièrement la réputation d’être fort attaché à l’argent. Il fait bâtir un temple magnifique ; mais l’on prétend qu’il lui vaut