Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/95

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à lui encore plus qu’aux ouvriers qu’il fait travailler. Sous le spécieux prétexte de ramasser pour subvenir aux frais de la bâtisse & de la décoration de cet édifice, il reçoit de toutes mains. Il n’est rien pour lui, ni trop chaud ni trop froid. L’argent est toujours argent, de quelque côté qu’il lui vienne. Je suis assuré qu’il ne se feroit point une peine de recevoir le profit des femmes publiques de Paris, si l’on vouloit lui permettre de mettre un impôt sur leur commerce. Il bâtiroit son temple comme cette fameuse courtisanne Egyptienne bâtit une des pyramides d’Egypte, du revenu des amans auxquels elles accorda ses faveurs.

Tu seras peut-être étonné, mon cher Isaac, de l’obstination de cet ecclésiastique à vouloir lui seul se distinguer de tous ses confreres. Il espère, par sa rébellion, faire sa cour au souverain pontife. C’est par ces coups d’éclat qu’un simple particulier se fait connoître, & qu’il rend son nom considérable parmi les frénétiques du parti qu’il a embrassé. La cour de Rome récompense tôt ou tard ce zèle aveugle, & l’on ne fait jamais rien inutilement pour elle. C’est ainsi que les entreprises les plus criminelles sont souvent