Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/99

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fût reconnu par tous les habitans pour leur maître & souverain seigneur, je demande ce que feroient alors les puissances souveraines de l’Europe. Des monarques, tels que l’empereur & le roi de France, pourroient-ils se résoudre à reconnoître jamais pour légitime souverain un roi couronné par la révolte, fabriqué par le crime & qui, avant d’être souverain, deshonora, à ce que l’on prétend, le caractère de gentil-homme ? Je ne crois pas qu’il y ait personne assez fou pour se figurer, que ces princes tinssent une pareille conduite. Mais, d’un autre côté, Théodore auroit des états, des sujets, des vaisseaux, des ports, des villes, &c. Quand on auroit des affaires à démêler avec lui, sur quel pied les traiteroit-on ? Et il seroit impossible qu’on n’en eût. La France même y seroit forcée, par la situation de la Corse. Car il est peu de bâtimens partant de Marseille pour le Levant, qui ne mouillent, en allant ou venant sur les côtes de Corse.

Plusieurs personnes tranchent toutes ces difficultés, & disent que dès que Théodore seroit maître & possesseur paisible de son pays, un autre puissance l’en expulseroit. Je demande si la bonne politique peut consentir à ce raisonnement ? Je pense qu’elle y est tout-à-