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MADEMOISELLE CLOQUE

défendu de mettre le nez dans ses affaires. Pour la volte-face, par exemple, la vois pas. J’ai toujours entendu dire à papa que la Basilique, c’était une ânerie. Qu’est-ce que vous voulez ? C’est son opinion à cet homme. Des goûts et des couleurs… N’est-ce pas ? mademoiselle, c’est pas ça qui nous empêchera d’aller notre petit bon­ homme de train ?…

À propos ! Maman a dû aller chez vous ; l’avez-vous vue ? Elle avait quelque chose à vous dire…

Mlle Cloque était tout à coup suffoquée. Une telle insouciance des choses qui lui bouleversaient la vie, à elle, était-il possible qu’elle l’entendit exprimer par la bouche de ce grand jeune homme franc et loyal jusqu’à la brusquerie ? Les causes de son tourment, de ses insomnies, de sa haute tristesse, il en parlait le sourire aux lèvres ! La grande idée à laquelle elle était prête à sacrifier jusqu’au cœur de sa nièce, il la traitait du bout de sa cravache ! Et l’impeccabilité du nom paternel, l’honneur, ce culte doublement héréditaire chez un officier et chez un Grenaille-Montcontour, ne le réduisait-il pas, en somme, à une question d’amour-propre vis-à-vis de ses camarades ? Oh ! certes, on est vite parti en guerre : un soufflet, un coup d’épée, à la rigueur une goutte de sang, et tout est dit, tout est « lavé à grande eau « selon l’expression même de Marie-Joseph. Mais, la blessure intime et profonde qui assom-