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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/118

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AUTOUR D’UNE BÉNÉDICTION

brit une âme noble, qui la fait se redresser pleine d’orgueil et de haine et subordonner toutes choses à la pureté du rôle que l’on joue dans la vie ; est-ce qu’il y avait trace de cela sur la figure de ce garçon avide avant tout de vivre et de jouir et qui débordait de santé et de bonheur ?

— Je n’ai pas eu l’honneur de voir Mme la comtesse, dit froidement Mlle Cloque.

Mais Marie-Joseph ne comprit pas. Il dit seulement, avec les mêmes yeux pleins de sous-entendus très clairs qu’il avait eus en prononçant ces mots pour la première fois :

— Elle aura beaucoup regretté. Elle avait des choses à vous dire…

Et il eut un sourire heureux. Il était tout content à l’idée d’un mariage auquel il ne voyait pas d’inconvénient, lui. Évidemment la jeune fille lui plaisait. Il ne tenait pas à une dot, du moment que papa avait dit que « ça s’arrangerait très bien comme ça ». Il n’avait quitté sa mère que pendant les années de Saint-Cyr ; les jeunes époux vivraient à la maison paternelle ; il y aurait deux enfants gâtés au lieu d’un. Il ne voyait pas plus loin. Il trouverait même une économie à supprimer sa « chambre en ville ». Et il était pressé. En honnête garçon qu’il était, peut-être évitait-il de nouer avec une maîtresse, dans la pensée qu’il aurait bientôt une gentille petite femme à lui.