Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome I.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
156
HENRY DUNBAR

— Pas du tout. Cette jeune fille est une intrigante. Renvoyez-la à ses affaires !

Le garçon quitta l’appartement.

— Pardonnez-moi, monsieur, — dit le jeune avoué, — mais si vous voulez me permettre de vous suggérer une idée en qualité de conseiller légal dans votre affaire, je vous recommanderais sérieusement de recevoir cette jeune fille.

— Pourquoi ?

— Parce que les habitants d’une petite ville comme celle-ci sont bavards au possible et grands amateurs de scandale. Si vous refusez de voir cette jeune personne qui se dit la fille de Wilmot, on pourra dire…

— On pourra dire quoi ? — demanda Dunbar.

— Que c’est parce que vous avez quelque bonne raison pour refuser de la voir.

— Ah ! vraiment, monsieur Lovell. Je dois donc me déranger, après toute la fatigue mortelle que m’a déjà occasionnée cette ennuyeuse affaire, et voir la première aventurière venue à laquelle il plaira de spéculer sur le nom de l’homme assassiné, et cela pour fermer la bouche aux bonnes gens de Winchester. Je tiens à ce que vous sachiez, mon cher monsieur, que je suis complètement indifférent à tout ce qu’on peut dire de moi et que je ne me préoccuperai que de mon bien-être et de ce qui me plaira. Si quelqu’un a la fantaisie de croire que Henry Dunbar est le meurtrier de son ancien valet, je ne m’y oppose pas et je ne me donnerai pas la moindre peine pour prouver le contraire.

Le garçon reparut au moment où Dunbar cessait de parler.

— Cette jeune personne déclare qu’il faut qu’elle vous voie, monsieur, — dit le domestique, — elle m’a annoncé que si vous me refusiez de la recevoir, — elle attendra à la porte de cette maison jusqu’au moment de votre départ. Mon maître lui a parlé, monsieur, mais