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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

inutilement ; c’est la jeune femme la plus déterminée que j’aie jamais vue.

La figure de Dunbar était toujours cachée par le journal. Il y eut un instant de silence avant qu’il répondît.

— Lovell, — dit-il enfin, — il vaudrait peut-être mieux que vous allassiez voir cette jeune personne. Vous tâcherez de savoir si elle est réellement la fille de ce malheureux homme. Voici ma bourse. Vous lui donnerez la somme que vous jugerez convenable. Si elle est véritablement la fille de cet infortuné, je ne demande pas mieux que de faire quelque chose pour elle. Vous serez fort aimable de lui dire cela, Lovell. Dites-lui que je suis disposé à lui faire une pension, à la condition qu’elle ne me tourmente pas. Mais rappelez-vous que ce que je donnerai sera subordonné à sa bonne conduite et que, en aucun cas, ce ne doit être considéré comme le résultat du chantage. S’il lui plaît de parler mal de moi, de me calomnier, elle est libre de le faire et je ne crains personne.

Arthur prit la bourse du millionnaire, et descendit l’escalier avec le garçon. Il trouva Margaret assise dans le vestibule. Rien en elle ne trahissait l’impatience ou la violence ; sa figure blanche exprimait une résolution froide, mais inébranlable. Le jeune avoué comprit que cette jeune fille ne céderait pas facilement devant les refus de Dunbar.

Il la conduisit dans un salon particulier au bout du vestibule, et ferma ensuite la porte derrière lui. Le garçon désappointé demeura cloué sur le paillasson, mais l’Hôtel George est une maison bien construite, et le garçon en fut pour ses peines.

— Vous désirez voir M. Dunbar ? — dit-il,

— Oui, monsieur.

— Il est très-fatigué par l’affaire d’hier, et il refuse de vous recevoir. Pour quel motif tenez-vous tant à être admise en sa présence ?