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DE LADY AUDLEY

qu’il ferait tout vendre demain, à moins que……

— À moins que je ne paye pour vous, n’est-ce pas ? Je m’en suis doutée en vous voyant paraître.

— Ce n’est pas ma faute, milady, s’écria Phœbé Marks en sanglotant, c’est Luke qui l’a voulu.

— Oui, oui, il vous a forcée à venir, et il vous y forcera chaque fois qu’il aura besoin d’argent pour satisfaire à ses vices grossiers, et vous serez mes pensionnaires tant que je vivrai ou qu’il me restera de l’argent, car je m’imagine que lorsque ma bourse sera vide, ou mon crédit épuisé, vous et votre mari vous me vendrez au plus offrant. Savez-vous, Phœbé Marks, que j’ai vidé mon écrin pour suffire à vos demandes ? Savez-vous que l’argent de mes menus plaisirs que je ne croyais pas pouvoir dépenser à l’époque de mon mariage, et quand je n’étais qu’une pauvre gouvernante chez M. Dawson, le ciel me garde — ma bourse particulière est dépensée six mois d’avance. Que puis-je faire pour vous ? Faut-il que je vende mon cabinet Marie-Antoinette, mes porcelaines Pompadour, mes pendules en laque de Leroy et de Benson, ou bien mes fauteuils en tapisserie des Gobelins ? Comment vous contenterai-je plus tard ?

— Chère milady, ne soyez pas cruelle envers moi, vous savez que ce n’est pas moi qui abuse de votre bonté.

— Je ne sais rien, excepté que je suis la plus malheureuse des femmes. Laissez-moi réfléchir, s’écria-t-elle en imposant silence aux murmures de Phœbé par un geste impérieux. Retenez votre langue et laissez-moi songer à cette affaire si je puis. »

Elle porta les mains à son front et l’étreignit de ses doigts effilés, comme si elle avait voulu aider l’action du cerveau par une pression convulsive.

« Robert Audley est avec votre mari, dit-elle lentement, se parlant à elle-même plutôt qu’à la soubrette ;