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DE LADY AUDLEY

La sonnette que fit retentir lady Audley amena la femme de chambre de milady, qui portait des rubans couleur de rose, une robe en soie noire et d’autres ajustements tout à fait inconnus dans ce bon vieux temps où les serviteurs portaient des habits en tiretaine.

« Je ne savais pas qu’il fût si tard, Martine, dit milady avec cette douceur qui la faisait bien venir auprès de ses gens. J’ai oublié les heures en causant avec mistress Marks. Je n’aurai plus besoin de vous ce soir ; ainsi, vous pouvez aller vous coucher.

— Merci, milady, répondit la femme de chambre, qui paraissait avoir grande envie de dormir et ne retenait qu’avec peine un bâillement en présence de sa maîtresse. Ne ferais-je pas bien de reconduire mistress Marks avant de me mettre au lit ?

— Sans doute ; reconduisez-la. Les autres domestiques sont-ils déjà couchés ?

— Oui, milady. »

Lady Audley se prit à rire en regardant la pendule.

« Nous avons perdu beaucoup de temps à bavarder, Phœbé. Bonne nuit, et dites à votre mari que le loyer sera payé.

— Merci, milady, et bonne nuit, » murmura Phœbé en tournant sur ses talons suivie de la femme de chambre.

Lady Audley écouta à la porte jusqu’à ce que le bruit de leurs pas eût cessé dans la chambre octogone et sur le tapis de l’escalier.

« Martine couche en haut de la maison, dit-elle. C’est très-loin d’ici. Dans dix minutes, je pourrai sortir sans crainte. »

Elle revint dans son cabinet de toilette, et remit pour la seconde fois son chapeau et son manteau. La rougeur n’avait pas disparu de ses joues, et ses yeux brillaient toujours d’un éclat surnaturel. La surexcitation qui la dominait était telle, qu’elle ne ressentait