Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
LE SECRET

Milady sourit à l’aspect de tous ces festons et de tous les ornements qui partout frappaient l’œil. Elle avait raison peut-être de sourire en se rappelant la richesse de son splendide appartement ; mais il y avait dans ce sourire une expression sardonique qui annonçait autre chose qu’un mépris naturel pour le luxe de la pauvre Phœbé. Elle s’approcha de la table de toilette, y essuya ses cheveux mouillés devant la glace, puis elle remit son chapeau. La bougie placée sur la table se trouvait nécessairement rapprochée de la gaze qui recouvrait les dorures de la glace, et elle l’était tellement, que le frêle tissu semblait attirer la flamme comme s’il avait eu sur elle une puissance magnétique.

Phœbé attendait avec impatience à la porte de l’auberge que milady redescendît. Elle regardait s’écouler les minutes sur la petite horloge hollandaise, et trouvait que les aiguilles marchaient bien lentement. Ce ne fut qu’à une heure et dix minutes que lady Audley reparut. Elle avait remis son chapeau, et ses cheveux étaient encore humides, mais elle ne rapportait pas la bougie.

Phœbé s’inquiéta aussitôt de cette bougie absente.

« Vous avez laissé la bougie là-haut, milady, dit-elle.

— Le vent l’a éteinte au moment où j’allais sortir de chez vous, et je l’ai laissée dans votre chambre, répondit tranquillement milady.

— Dans ma chambre !

— Oui.

— Était-elle bien éteinte ?

— Oh ! tout à fait ; mais pourquoi ces questions ennuyeuses ? Il est une heure passée, venez. »

Elle prit le bras de Phœbé, et l’entraîna, moitié de