votre expérience, qui, seule, peut nous sortir d’embarras, moi et ceux qui me sont chers. »
L’air affairé du docteur Mosgrave se changea en un air d’intérêt en écoutant Robert Audley,
« La confession du malade au médecin est, je crois, aussi sacrée que celle du pécheur au prêtre ? demanda Robert avec un grand sérieux.
— Aussi sacrée.
— On ne peut la violer sous aucun prétexte ?
— Sous aucun. »
Robert Audley regarda de nouveau le feu. Devait-il dire peu ou beaucoup de l’histoire de la seconde femme de son oncle.
« On m’a dit, docteur Mosgrave, que vous aviez consacré une partie de votre existence au traitement de la folie.
— Oui, ma clientèle se compose presque exclusivement de gens malades d’esprit.
— Vous devez alors entendre parfois d’étranges et même de terribles révélations ? »
Le docteur Mosgrave s’inclina.
Il avait l’air d’un homme auquel on pouvait confier les secrets de toute une nation, sans que le poids de ces secrets l’incommodât le moins du monde.
« L’histoire que je vais vous conter n’est pas la mienne, dit Robert après une pause ; vous m’excuserez donc, si je vous rappelle que je ne puis la révéler qu’autant que le secret sera convenu entre nous. »
Le docteur Mosgrave s’inclina de nouveau, mais son mouvement fut un peu plus sec.
« Je suis tout oreilles, monsieur Audley, » dit-il froidement.
Robert Audley rapprocha sa chaise de celle du médecin, et commença à voix basse cette histoire que lady Audley avait racontée la veille, agenouillée dans cette même chambre. La figure du docteur Mosgrave,